Altan lance le « prêt-à-chausser bottier »

Cette maison d’origine turque développe son prêt-à-porter avec une ligne faite à la main dans un atelier à naples. L’occasion de revenir sur une saga familiale où la passion du soulier se transmet de père en fils.

«Quand je n’allais pas à l’école, j’étais dans l’atelier de mon père à Ménilmontant, raconte Altan Sensozlu, aujourd’hui à la tête de la maison familiale. L’odeur de cuir, de bois, et tout ces outils… j’aimais cet univers ». Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, le soulier est une passion qui se transmet de père en fils chez les Sensozlu. À cette époque, la rue de Belleville n’est qu’une succession d’ateliers dédiés à la chaussure.

Sukru (le père) s’installe dans ce quartier après avoir travaillé pour les plus grandes maisons, Hermès ou Berluti. Paris est à lui ! Enfin. Originaire de la Turquie, là où il a tout appris, les gestes bottiers que son propre père, puis son frère lui ont enseignés, il tombe amoureux de la capitale française lors d’un voyage dans les années 60. Il n’a alors plus qu’un seul objectif : lancer sa maison à Paris. En 1973, son rêve devient réalité. Sa maison sera baptisée Altan, comme le nom de son premier fils, dont la naissance a lieu la même année.

Au départ, l’atelier ne confectionne que des souliers sur-mesure. Sukru est un virtuose, un maître du patronage. Pour certains souliers, il fabrique lui-même ses propres outils. Mais à partir de 1998, le prêt-à-chausser arrive avec son cahier des charges « très bottier » et ses patines à personnaliser. Sans oublier son prix, beaucoup plus abordable que la grande mesure : 450 € contre 3 000. Le bouche-à-oreille fait son travail, la maison Altan devient cette adresse confidentielle qu’on s’échange entre initiés.

En 2003, c’est le déménagement rue de Miromesnil. Une partie de l’atelier y est installé mais tout ce qui concerne le service après-vente pour les grandes maisons reste à Belleville. En 2012, les lignes de prêt-à-porter se développent, une e-shop voit le jour pour la clientèle internationale, tandis qu’une seconde boutique ouvre rue Lincoln. Les hommes viennent y chercher un soulier de caractère. Pas clinquant mais à la ligne singulière. Ici, le style commence par le bas. Plus qu’un accessoire, on considère la chaussure comme un élément structurant de l’allure. Ce n’est pas la ligne Bottier qui contredira cette philosophie. Lancée récemment, elle allie la beauté d’un savoir-faire à la fantaisie maitrisée. Entièrement réalisée à la main dans un petit atelier à Naples, ce prêt-à-chausser très abouti compte une douzaine de modèles, loafers ou richelieus, tous en montage blake et offrant un chaussant ultra confortable. « Nous avons imaginé ces formes ensemble, avec les artisans napolitains », précise Altan. Ici, on développe ce que l’on vend. On aime le plastron du modèle Eiffel ou celui en forme d’ailes du Dracula. Les patines sont à la carte (et incluses dans le prix, pas de supplément). On peut d’ailleurs choisir sa ceinture assortie. À noter aussi, le lancement d’un service de maroquinerie personnalisable. Les produits seront fabriqués en cuir brut, laissant ainsi libre cours à l’imagination et à la patine.

Chez Altan, le service, c’est sacré. Ici, vous n’aurez pas affaire à des vendeurs mais à un artisan, et avec un peu de chance à Altan lui-même. « La but n’est pas de vendre, mais que le client revienne », insiste-t-il, désormais à la tête de la maison avec son frère, Hakan. Leur père, lui, toujours littéralement amoureux de son métier, dirige, à 71 ans, la partie sur-mesure. Une affaire de famille qui roule ; ou plutôt qui marche.


À partir de 550 €. 11, rue Lincoln, Paris VIII. www.altan-bottier.com

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