La voiture de plage

Les voitures de plage sont de plus en plus recherchées. Pensés pour emmener les estivants faire trempette, ces engins aérés font rêver.

À une époque où la moindre Twingo se voit doter d’une liste d’équipements digne d’un cockpit de jet, les voitures de plage font toujours recette. Pourtant, elles n’ont ni airbags en batterie, ni climatiseur bizone, ni vitres teintées et encore moins d’ESP ou de phares au Xénon. Curieux paradoxe !

La simplicité même
Totalement décalées dans la circulation contemporaine, elles plafonnent à 100 km/h, et freinent avec la même efficacité qu’un super tanker de 20 000 t. Elles sont, de plus, fort mal isolées. Il y fait froid l’hiver et chaud l’été. Malgré tout, on se les arrache. Ainsi, la joyeuse Fiat Shelette de 1972, dont Philippe Starck s’est séparé en février dernier, s’est vendue 41 700 . Deux ans auparavant, la charmante Fiat 600 Jolly, décapitée par le carrossier Ghia dans les années 1960 et appartenant à la famille Agnelli, avait recueilli une enchère similaire.

Par ailleurs, certains amateurs n’hésitent pas à investir de petites fortunes dans la restauration d’une Méhari ou d’une Mini Moke. Bref, ces puces de sable à roulettes, aussi dépouillées que des cellules de moine trappiste, s’avèrent furieusement tendance. On appelle voiture de plage ces autos à la carrosserie minimaliste, sans vitre, à portes échancrées et pare-brise droit si possible rabattable. Des « autos en string », en quelque sorte. Elles colmatent leurs habitacles sous une bâche à l’étanchéité discutable, donnant l’impression aux passagers les jours pluvieux, de se trouver sous leur douche. Petit bonus, certaines d’entre elles font preuve d’aptitudes hors-pistes, permettant d’emprunter, le cas échéant, le petit chemin qui mène à la mer ou à l’océan. Sous le capot, l’on retrouve des mécaniques de grande série, simples et rustiques, empruntées notamment à la 4 L, à la 2 CV, à la Coccinelle ou à la Mini…

en 2011, le constructeur iconoclaste suisse rinspeed présentait la Bamboo. Si la ligne rend hommage à la Méhari du « gendarme » Louis de Funès, la mécanique électrique propulse l’auto dans le XXie siècle. Un bien sympathique engin, demeuré unique à ce jour.

Un symbole de liberté
Aujourd’hui, il n’en reste plus guère. Pourtant, ces icônes des années pop poursuivent leur offi ce, de Noirmoutier à Arcachon et de Collioure à Sanary. Rigolotes et stylées, elles emmènent les familles bobos de leur résidence secondaire chic jusqu’à la plage et de la plage jusqu’au Café du port… Poétiques, elles conservent leur capital sympathie intact. En fait, ces découvrables, sortes de transats ambulants, incarnent plusieurs valeurs aujourd’hui quasi disparues du secteur automobile. Elles sont symboles de liberté. Pas de ceinture, pas de système de sécurité, pas d’alerte sonore vous intimant de faire ceci ou cela. Apparues entre le milieu des Fifties et les années 1970, elles évoquent aussi une époque douce et joyeuse, celle des Hippies, peuplée de filles fort peu vêtues aux longs cheveux et de garçons hirsutes et non violents. Du coup, les stylistes continuent de s’en inspirer et les concept-cars de f eurir. La voiture de plage constitue même l’un des sujets de prédilection des designers autos. Et si ces prototypes modernes ne vont plus à la plage, ils persistent en revanche à nous faire rêver. 

les articles du moment