La rupture pour les nuls

Vous ne le saviez pas ? Rompre, ça s’apprend. Il y a des techniques, un process à suivre. Un sujet que les femmes dominent mieux que nous.

Il paraît que ce sont majoritairement les femmes qui prennent l’initiative de la rupture, c’est pourtant une femme « larguée plusieurs fois de manière spectaculaire » (sic), qui signe l’art de rompre à l’adresse des hommes car « depuis Cro-Magnon, les hommes sont particulièrement nuls en ce domaine (aussi!)».

Partant du principe que l’on peut toujours apprendre et sur l’insistante recommandation d’un de nos fidèles lecteurs, AlexandreW., je me suis lancé dans la lecture de ce vademecum prometteur, puisqu’à la douzième ligne, l’auteur annonce: «On va mettre les mains dans le cambouis, on va parler rupture, ce moment tant redouté, esquivé et repoussé…» J’ai été immédiatement rassuré, puisque c’est le sujet du guide. Ouf, pas d’arnaque! Je vais donc apprendre à pouvoir devenir bon en rupture, à défaut d’être bon en séduction. «Un génie du larguage, un beau gosse du coeur brisé». L’auteur propose à tout lecteur de rompre en gentleman. Pour cela, il faut observer, déceler les erreurs (des autres) pour mieux les éviter, savoir développer un «argument de rupture», gérer l’après rupture et surtout «mettre en perspective le point de vue des femmes pour réussir à les comprendre davantage».

Comment « bien » larguer

À ces conditions seulement, on deviendra un as de la rupture. Un type fantastique, dont les ex–larguées dans les formes avec tact et élégance– dresseront les louanges en public. À moins qu’elles ne créent un club et se réunissent chaque mardi pour se rappeler comment vous les avez «bien» larguée. Pour ceux qui voudraient travailler le sujet, la spécialiste, Miss Monnier, 29 ans, a répertorié cinq mauvaises techniques qu’il faudra bannir de votre registre, de celle de l’homme invisible, à celle du goujat, de l’autruche… Et leurs conséquences… Après ces entrées en matière, question fondamentale de l’auteur à son lecteur, «il est nécessaire que vous sachiez exactement pourquoi vous rompez». Ben oui, pauvre c**, si vous ne savez même pas pourquoi, à quoi bon? Suit un tour d’horizon des causes possibles de rupture : belle-mère omniprésente, sentiments, routine, sexualité en berne et j’en passe. C’est le passage le plus amusant, surtout si Marie-Astrid commence vraiment à vous courir… et que vous cherchez un prétexte.

Des propositions de technique, expérimentées par l’auteur mais pas garanties, suivant au cas par cas, avec toujours la fameuse erreur du débutant à ne pas commettre. Ce précieux ouvrage, dont je pressens qu’il pourrait devenir indispensable, se termine par des conseils sur le nécessaire SAR, « service après rupture ». C’est tellement juste, bien vu, hilarant quelquefois, que l’on vient à se demander comment, depuis Cro-Magnon, on a fait pour vivre sans!


L’art de rompre (sans passer pour un connard), par Charlotte Monnier, Édition Albin Michel, 12€.

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