Séquence : en mode père-fils

Le style est aussi au centre de cette relation de partage. L’éduquer pour qu’il trouve le sien et qu’il devienne l’homme qu’il sera demain. Des pères et des fils nous ont ouvert leur univers et leur garde-robe.

||||||||||||Ci-dessus, de gauche à droite,

Jean-Daniel, Nickolas et Lukas Lorieux
Grand photographe, exposé entre Berlin, Riga et bientôt Pékin, Jean-Daniel a choisi de revenir à ses débuts, aux studios Harcourt, pour ce portrait de famille tendre et un peu cliché entre ses deux fils Nickolas, 31 ans, et Lukas, 18 ans.

La qualité que vous préférez l’un chez l’autre ?
Jean-Daniel : L’amour qu’ils me portent. Je pense que mes enfants me guident plus que je ne les guide. Entre nous trois, il y a une communion, une merveilleuse entente malgré nos caractères différents.
Nickolas : Sa gentillesse, mais c’est aussi son plus gros défaut.
Lukas : Son self control. C’est quelqu’un de très posé, il ne stresse jamais.

Ce que vous leur avez transmis ?
Jean-Daniel : J’espère une joie de vivre, une joyeuse combativité. Et l’envie d’aller chez son tailleur essayer un nouveau manteau ou une nouvelle veste quand ça va mal. Rien de tel pour redonner de l’énergie.
Nickolas : Des défauts… Par exemple, le fait d’être en retard comme aujourd’hui… ce manque d’organisation, je l’ai aussi ! Dans les qualités, sa joie de vivre. Et si je suis photographe aujourd’hui, c’est un peu grâce à lui.
Lukas : Ses cheveux frisés, et son manque de ponctualité.

Et en terme de style ?
Jean-Daniel : Le petit adore les boutons de manchette et me pique des vestes. L’aîné au contraire a son propre style.
Nickolas : Mon père va être plus dandy. Moi, je suis resté très année 90. Le côté confort du vêtement me plaît. Je suis aussi un dingue de chaussures et surtout de baskets comme les Jordan que j’ai dans de nombreuses couleurs originales.
Lukas : Le goût d’être bien habillé. Quand je suis avec lui, je suis toujours en chemise, en veste…

Comment trouvez-vous que l’un et l’autre s’habille ?
Jean-Daniel : Mes enfants ont un style bien adapté à leur activité et à leur âge.
Nickolas : Mon père a son propre style, un peu extravagant mais sans jamais dépasser les limites. Il reste très élégant. Ce style, assez prêt du corps, il l’a depuis toujours. Avant, il portait même les jeans de sa femme.
Lukas : Il est très très élégant. Il porte toujours sous ses vestes un gilet, ça fait vieille école, mais c’est original. Lorsque mes amis viennent à la maison, ils me disent : « Ton père, il a la classe ! ».


Charlie, 2 ans, et « doudou 1, doudou 2 et Cosima, la girafe » : Tee-shirt, Petit Bateau. Jean, Bonpoint. Chaussettes en coton, Bout’Chou. Régis : Chemise en coton flammé bleached, Patron. Jean brut, Notify.

Régis et Charlie Pennel
Régis, 37 ans, est le fondateur du select store de créateurs français L’Exception (400 marques). Il vient d’ouvrir sa première boutique physique. S’il a une éthique et un grand sens de la mode, sa priorité reste Charlie, son petit garçon de 2 ans, qui a les grands yeux de sa maman.

RÉGIS

La qualité que vous préférez chez votre fils ?
J’aime tout évidemment. Mais dans les traits qui s’affirment, il y a ce côté joyeux ; il est toujours en train de sourire. Il peut être très drôle mais a aussi un côté hyper sérieux parfois et peut dessiner à sa table pendant une heure.

Ce que vous aimeriez lui transmettre ?
Le respect des gens quelles que soient leurs origines, leurs valeurs, leur classe sociale. Le vivre ensemble. Notre quartier (le Xe arrondissement, NDLR) en est une belle illustration.

Et en terme de style ?
Je l’inciterai à trouver son propre style loin de la fast fashion et avec des vêtements de qualité.

Comment s’habille-il aujourd’hui ?
Sans doute qu’il doit être considéré comme un original à la crèche… Dès la naissance, il avait un body et un bonnet léopard façon Mobutu…

CHARLIE

Plutôt que de répondre à nos questions (barbantes), Charlie préfère nous montrer comme il joue bien de la musique, des maracas, de l’accordéon et de la guitare-chien, NDLR.


Franck : Veste, chemise et jean, Eden Park. Augustin, 3 ans, et « Thomas, le train » : Blazer, jean et tee-shirt, Eden Park. Baskets, Zara Boy.

Franck et Augustin Mesnel
Franck Mesnel, 55 ans, ancien joueur du XV de France, est aujourd’hui à la tête de la maison Eden Park. Son petit garçon Augustin a 3 ans et un caractère bien à lui. Tous les deux forment déjà une équipe soudée qui respire la confiance et la complicité.

FRANCK

La qualité que vous préférez chez votre fils ?
C’est une qualité à maîtriser : il est obstiné donc têtu… Quand il veut du bleu magenta, ce n’est pas du bleu marine. Ça va dépendre de l’éducation. C’est un trait de caractère qui peut se transformer en qualité. Aussi, il est mariole…

Ce que vous aimeriez lui transmettre ?
Être un battant, qu’il aille au bout des choses. Dans ce monde d’accessibilité à tout, j’aimerais qu’il creuse vraiment une ou deux choses. Qu’il ne se laisse pas porter mais plutôt qu’il se prenne en main.

Et en terme de style ?
Pas de certitude entre le bon ou le mauvais goût mais plus une harmonie de silhouette. Quelles que soient les influences, qu’il ait et sache trouver cet équilibre. C’est ce qu’Eden Park cherche aussi à transmettre malgré la diversité des silhouettes que nous habillons.

Comment s’habille-il aujourd’hui ?
Il sait ce qu’il veut. Il aime les vêtements simples, les couleurs sobres, beige, bleu marine… Il est hyper dans la tendance en fait. Mais je crois que pour l’instant, c’est plutôt un réflexe, il aime ce qui est doux et confortable.

AUGUSTIN

Qu’est-ce que tu aimes bien faire avec ton papa ?
J’aime bien quand il me fait des blagues, des rigolotes. J’aime bien les blagues moi.


Thomas : Veste Teba, chemise, pantalon en moleskine, pochette et ceinture argentine, Artumès & Co. Alain : Veste Teba, chemise, pantalon en toile de coton Milton, cravate, pochette et ceinture argentine, le tout Artumès & Co. Nicolas : Half-Norfolk jacket, chemise tattersall, cravate, pochette et ceinture gaucho, le tout Artumès & Co. Jean 501, Levi’s.

La qualité que vous préférez l’un chez l’autre ?
Alain : Tous les deux ont une constance d’aller au fond des choses. Ni l’un ni l’autre n’est superficiel dans ce qu’il fait.
Nicolas : Son sang froid dans n’importe quelle situation et sa capacité à trouver une solution quoi qu’il se passe.
Thomas : Son sens de l’humain et son rapport à la famille. Au niveau professionnel, sa capacité à gérer beaucoup de sujets et de tâches en même temps. C’est impressionnant.

Ce que vous leur avez transmis ?
Alain : Le goût du vrai. Ce qui amène directement au goût pour la nature. C’est toute l’inspiration d’Artumès & Co. Je suis comme Obélix, je suis tombé dedans tout petit : j’ai été élevé à la campagne. Mon grand-père et ma mère étaient maîtres d’équipage de chasse à courre. Mon beau-père m’a transmis sa passion pour la chasse à tir. Rendre élégant un produit de chasse et l’amener à la ville, c’est ma philosophie depuis 30 ans.
Nicolas : Le goût des belles choses. Mon père s’est construit en se basant sur les jolies choses. C’est quelqu’un qui va en profondeur. Par exemple pour les vêtements, il va se demander pourquoi telle pièce est comme ça, s’intéresser à l’histoire qu’il y a derrière… Aussi, il adore cuisiner, recevoir ; il m’a également transmis ce plaisir-là.
Thomas : Le sens de la passion. L’importance que cela a pour rendre une vie riche.

Et en terme de style ?
Alain : Le classique original.
Nicolas : Il n’a jamais suivi les tendances et a développé son identité à lui. Ne jamais avoir peur d’avoir son propre goût, c’est ce qu’il m’a transmis.
Thomas : Que ce n’est pas une futilité d’égo. Que ça a un impact sur les gens en leur témoignant le respect qu’on leur accorde, que ça a une importance dans les rapports humains.

Comment trouvez-vous que l’un et l’autre s’habille ?
Alain : Thomas est plus accroché au classicisme avec une pointe d’originalité. Nicolas mélange le classique et le moderne. Je me reconnais dans les deux. Je suis d’une génération où les hommes d’entreprise étaient habillés en costume. Moi, c’était le dépareillé : blazer, pantalon gris.
Nicolas : Terriblement bien. Mon père est toujours élégant sans répondre aux codes que les gens suivent parfois par facilité.
Thomas : Il a sa propre patte issue de toutes ses passions (la chasse, la nature, etc.), c’est très inspirant.


Edouard-Jean : Veste et pantalon, Artling. Chemise, Daniel Lévy. Chukkas, Crockett & Jones. Mi-bas, Di Carlo. Augustin, 2 ans : Salopette OshKosh B’gosh. Chemise, Daniel Lévy. Nœud papillon, Cinabre. Tennis et chaussettes, Bout’Chou. Ferdinand, 7 ans : Chemise et pantalon, Hackett London. Gilet Aston Martin Racing by Hackett London. Chaussettes, Gap. Chaussures, Dr. Martens. Joseph, 4 ans : Chemise, BillyBandit. Pantalon, Carrément Beau. Chaussures, Dr. Martens.

Edouard-Jean, Ferdinand, Joseph et Augustin Daehn
Edouard-Jean, 37 ans, président de Marugal, gère et développe des hôtels de luxe en europe. Un jeu d’enfant face « au bon, à la bête et au truand », ses adorables petits boys de 7 ans, 4 et 2 ans.

EDOUARD-JEAN

La qualité que vous préférez chez vos enfants ?
Ils sont tous les trois très différents, il y a vraiment le bon, la brute et le truand. (Respectivement, Ferdinand, Augustin, Joseph, NDLR).

Ce que vous aimeriez leur transmettre ?
Après les qualités qui coulent de source comme le respect ou la politesse, ce serait l’humour et la légèreté ; savoir être un peu décalé. Et aussi, la confiance en soi.

Et en terme de style ?
Le goût des indémodables. Qu’ils comprennent que la garde-robe masculine, c’est avant tout des basiques : le bon mocassin, le bon jean, la bonne veste en tweed… Qu’ils ne soient pas dans une logique de consommation mais de qualité.

Comment s’habillent-ils aujourd’hui ?
Ils sont plutôt « fit well, play well », le bon truc pour le bon moment. Je préfère qu’ils développent d’abord leur caractère que leur style vestimentaire. Le style, c’est avant tout une personnalité, non ?

LES ENFANTS

Qu’est-ce que vous aimez bien faire avec votre papa ?
Ferdinand : J’aime bien pêcher parce que c’est rigolo. J’aime attraper les poissons, je les relâche ou je les mange. J’aime bien aussi quand il me fait des bisous parce que ça pique.
Joseph : J’aime bien jouer avec mon papa, à tous les jeux, à l’ipad.

Vous le trouvez comment votre papa ?
Ferdinand : Beau. J’aime bien quand il est en costume. Je trouve que c’est joli.
Joseph : Moi, je préfère le jean parce que c’est beau.
Augustin ne parle pas encore mais semble le plus heureux du monde dans les bras de son papa, NDLR.


De gauche à droite, Marius : Chemise, Hartford. Jean 510, Levi’s. Blouson en cuir de chèvre, Massimo Dutti. Derbys Arca, Corthay. Pierre : Blazer en jersey, Eclectic. Chemise, Gap. Jean « home customised », Edwin. Chukkas, Corthay.

Pierre et Marius Corthay
Pierre, 54 ans, est un des bottiers les plus talentueux de sa génération. Sa passion pour l’art et la musique a bercé son fils, Marius, 23 ans, étudiant et surtout membre du groupe d’électro-funk Juna.

La qualité que vous préférez l’un chez l’autre ?
Pierre : C’est un grand travailleur. C’est aussi quelqu’un de très fidèle, de loyal. Il a un vrai sens de l’engagement, c’est très rare à son âge. Et en plus, c’est un artiste… Lorsque j’ai écouté son tout premier EP, j’étais si fier…
Marius : La persévérance, sa rigueur, son application quotidienne. C’est lui qui m’a incité à travailler la musique tous les jours, même si c’est une passion.

Ce que vous lui avez transmis ?
Pierre : La créativité d’abord et puis cette idée de l’engagement. La ténacité, cette volonté de ne jamais rien lâcher.
Marius : Le respect des belles choses et surtout des gens. Le respect avec un grand « R ».

Et en terme de style ?
Pierre : Là, on a été deux. Sa mère est plutôt très affûtée aussi sur ce terrain-là. Depuis toujours, il a baigné dans un milieu artistique. À la maison, il y a toujours eu de la musique, des instruments, de l’art…
Marius : Déjà le goût pour les belles chaussures, j’aurais pu ne pas aimer ça. Mais aussi, ce côté décalé, à la fois cool et classe.

Comment trouvez-vous que l’un et l’autre s’habille ?
Pierre : J’aime bien, moi. En plus, je le trouve super beau, mon fils. Il a un bon style qui lui ressemble.
Marius : Parfois de manière très étrange… (rires) avec des couleurs improbables. Mais ça passe, ça s’accorde au personnage et à son côté décalé.


 

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