Hermès : en selle !

Depuis sa création en 1837, la maison fabrique des selles. C’est toujours au 24 rue du Faubourg Saint-Honoré que ce savoir-faire d’exception perdure. Monsieur a eu le privilège de visiter l’atelier.

Skateboard en érable des Vosges, imprimé Cavalcadour. 2 500 €. Hermès

Cavale, Allegro, Arpège… derrière ces noms poétiques se cache la « substantifique moelle » de la maison Hermès, sa première raison d’être, les selles et ce depuis 1837. L’atelier où elles sont fabriquées se trouve toujours dans l’épicentre de la maison, au 24 Faubourg tout simplement. Pour notre dossier dédié à la passion du cheval, Hermès nous en a ouvert exceptionnellement les portes.

C’est d’abord Laurent Goblet qui nous accueille. Il est en charge du développement des nouvelles selles, sans cesse à l’écoute des clients de la maison et des cavaliers professionnels qui l’aident dans cette mission. Longtemps mis à l’honneur, l’obstacle a eu la priorité avec deux selles dédiées à cette discipline : Cavale et plus récemment Allegro. Puis son expertise s’est portée sur le dressage. En collaboration avec Jessica von Bredow-Werndl, 5e au classement mondial, il a donné naissance à l’Arpège. Un modèle très attendu, puisque la maison n’avait pas sorti de nouvelle selle de dressage depuis 15 ans. Les fidèles de la selle Corlandus n’abandonneront peut-être pas leur selle fétiche pour autant.

Ce qui fait la particularité d’Hermès en matière de selle, comme nous l’explique cet ancien jokey amateur, « c’est la capacité qu’ont les ateliers à adapter les selles aux désirs de chacun ». En général, le cavalier repère en ligne, dans une boutique ou bien souvent directement sur le dos d’un cheval, le modèle qui l’intéresse. Bien sûr, il peut l’acheter en direct mais la maison lui propose un service complètement gratuit pour le personnaliser.

Dans la pratique, cela conduit à ce que tous les cavaliers s’approprient leur selle dans les détails. Un commercial proposera ensuite au client de le retrouver à l’écurie pour un essayage en « live » de la selle. C’est à ce moment-là que le cavalier va se rendre compte qu’il se sent mieux dans tel modèle ou que telle autre référence correspond davantage au gabarit de sa monture, ou au sien. La selle est le lien entre deux êtres et doit donc s’adapter aux deux en même temps pour in fine se faire oublier.

Les selles se déclinent par taille, allant du 161/2 au 19. C’est la corpulence du cavalier qui est prise en compte. Pour son confort à cheval, il faudra allonger les quartiers, gonfler les taquets, remonter le troussequin… Le confort du cheval est calculé quant à lui grâce à l’Equiscan, un outil qui moule le dos du cheval.

Au catalogue, on compte 9 selles. Trois pour l’obstacle : Cavale, Allegro et toujours Steinkraus ; deux pour le dressage : Corlandus et la nouvelle Arpège ; une selle mixte baptisée Oxer ; une autre d’extérieur prénommée Senlis ; et enfin une selle de cross et une de polo.

Passons à présent dans le bureau de Vincent Léopold. Il va nous expliquer en quoi ces références initiales ne sont dans la réalité que des points de départ… Il est le chef de l’atelier de fabrication. Son équipe se compose de 15 maîtres-selliers, dont 5 encore en formation, et de 3 coupeurs installés à Pantin.

Chaque membre de l’atelier fabrique sa selle de A à Z avec amour et passion. Tous sont des cavaliers et apprécient, sur leur temps libre, les selles Hermès en action. Ils ont été formés, pour la plupart, au Haras National du Pin, par un ancien sellier de la maison, et profitent parfois de passerelles entre la maroquinerie et la sellerie. Selon leur expérience, il leur faudra autour de 30 heures pour fabriquer la selle, un savoir-faire qui nécessite autant de force physique que de sens du détail. À l’issue de l’assemblage, la selle est huilée et crémée avec soin. Les amateurs ne manqueront pas de regarder le tutoriel d’entretien sur le site de la maison. Comme le cirage d’une paire de souliers, le graissage d’une selle est un véritable moment de plaisir et de détente…

 

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