Optique, l’homme coeur de cible

Fini les lunettes purement utilitaires. De plus en plus, la clientèle masculine cherche une esthétique, un look différent, loin des modèles percés d’autrefois.

La mode s’intéresse en filigrane au « no gender » et tente de s’affranchir des sexes en proposant une nouvelle mixité qui n’échappe pas au monde des lunettes. Pour autant, la psyché masculine se mire toujours dans les codes virils, mais dans une esthétique plus cool, entre tailoring et casual street, avec des montures de caractère, loin des lunettes percées, porte-verres basiques, réservés à des hommes d’un autre âge, ou encore de la vague vintage qui s’estompe enfin !

Dominique Cuvillier, responsable des tendances pour le SILMO, rédacteur en chef de MO Fashion Eyewear, auteur du livre Le Triomphe du luxe cool, Éd. Maxima.

Tous les opticiens s’accordent à constater que la clientèle masculine privilégie les aspects techniques, le confort et la durabilité, et de plus en plus, elle recherche la dimension esthétique, le design, un look différenciant.

Les lunetiers dégainent alors leur expertise pour sortir des sentiers battus et profiter de la dynamique d’un marché masculin qui croît plus vite que le marché féminin. Pas de révolution dans les formes : le triptyque rond-rectangle-aviateur domine encore largement.

Par contre, le style joue les élastiques, avec, d’un côté, une ligne claire, des architectures en fil de métal qui dessinent des montures aériennes, jusqu’aux Nylor (les demi-cerclées) qui mettent les verres comme en suspension ; de l’autre, des volumes affirmés avec des lunettes épaisses, rétrofuturistes façon Le Corbusier, et des masques over-size, des quasi pare-brise, qui enveloppent le regard : remarquables pour se faire remarquer !

Solaires et optiques suivent les mêmes chemins, même si les premières sont souvent plus audacieuses, étant considérées davantage comme un accessoire de mode. Côté matières, plastique et métal se disputent l’intérêt des hommes. L’acétate, polymère naturel obtenu à partir de coton ou de pulpe d’arbre, déploie une richesse de couleurs et de motifs très attractifs.

L’italien Mazzucchelli, leader mondial de l’acétate et chez qui se fournissent les meilleurs lunetiers, multiplient les « contrastes entre la force des tons foncés et les vibrations des couleurs vives pour créer des harmonies qui détonnent », avec une attention particulière portée à toutes les nuances de brun appréciées par les hommes.

Le très mâle métal est dominé par l’inox (de l’acier inoxydable chirurgical), et surtout par le titane, un alliage noble hautement technologique et un matériau fétiche en lunetterie : il est confortable, très léger, ultra résistant et hypoallergénique. Autant de qualités physiques qui ne sont pas pour déplaire à la gente masculine.

Quel que soit le matériau, l’esthétique générale se cache dans les détails avec une montée en puissance des combinés. L’alliance de métal et plastique permet une sophistication des montures et devient un atout indispensable pour les singulariser, même les plus sobres.

Les faces dévoilent des « tranches » d’acétate et des cercles de métal pris en sandwich, sur lesquelles se jettent parfois des doubles ponts de matériaux là aussi contrastés ; les branches alternent le fin et l’épais, le minimalisme et le complexe pour animer le profil des porteurs de lunettes ; les charnières et les tenons souvent très techniques s’affinent pour alléger l’ensemble.

Griffées par des grandes marques ou signées par des créateurs, les lunettes dévoilent des éléments de contraste qui créent de la surprise et de la distinction, pour mieux voir et se faire bien voir.

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