Gianvito Rossi : « La Chaussure, c’est ma vie ! »

Il a baigné dans la chaussure depuis l’enfance. Star du stiletto – de Céline Dion à Kate Middleton –, ce « fils de » talentueux désire désormais conquérir l’homme. Ode à la simplicité.

VOTRE PÈRE EST LE FAMEUX SERGIO ROSSI. « LA CHAUSSURE », ON PEUT DIRE QUE VOUS ÊTES TOMBÉ DEDANS TOUT PETIT ?

En effet. Ma maison était au-dessus de l’atelier de confection. C’était mon jardin, mon terrain de jeu. J’y connaissais tous les artisans. J’y allais même avec mes amis. Nous adorions y jouer à cache-cache, surtout dans la partie où les peaux étaient stockées. Que de bons souvenirs.

QUAND AVEZ-VOUS DÉCIDÉ D’EN FAIRE VOTRE MÉTIER VOUS AUSSI ?

J’ai commencé à travailler avec mon père dès mes 16-17 ans alors que j’étais toujours étudiant. Et je me suis de plus en plus engagé jusqu’à mes 40 ans. J’ai touché à tout. Puis peu à peu, je me suis dirigé plutôt sur la partie développement, même si je gardais toujours un contact direct avec la chaussure. Encore aujourd’hui, lorsque je lance un nouveau modèle, je suis toujours très vigilant à chacune des étapes de fabrication.

ET PUIS, VOUS AVEZ LANCÉ VOTRE PROPRE MARQUE ?

C’était naturel. Début 2000, nous avons cédé Sergio Rossi au groupe Gucci. Si nous avons continué de travailler dans la maison pendant les premières années, rapidement, nous sommes sortis de l’affaire. Je me suis dit que c’était l’occasion pour moi de faire autre chose, loin du monde de la chaussure. Mais au bout de quelque mois, j’étais perdu… La chaussure, c’est ma vie ! En 2006, je décide donc de lancer ma propre marque avec toujours mon père comme précieux soutien. Il m’a toujours aidé sur la partie technique et le savoir-faire.

VOUS AVEZ LANCÉ VOTRE COLLECTION MASCULINE IL Y A UN AN ET DEMI. QUELLE A ÉTÉ VOTRE APPROCHE ?

Nous avons d’abord commencé par une ligne de sneakers. Puis par une ligne de souliers formels. La difficulté a été de trouver un équilibre entre le classique et le « fashion ». De ne pas être trop l’un ou trop l’autre. Comme pour mes collections femme, je voulais quelque chose d’élégant et léger, mettre en avant la beauté de la simplicité.

VOS MODÈLES SONT ÉPURÉS, TRÈS MINIMALISTES. COMMENT ÊTRE MODERNE TOUT EN RESTANT CLASSIQUE ?

Tout réside dans les proportions. Et notre savoir-faire issu de la grande tradition italienne nous le permet. J’ai travaillé sur la forme légèrement élargie, sur le bout des modèles, plus petit… selon moi, la chaussure doit valoriser la silhouette, pas prendre sa place. Elle doit être « amusante » sans être extravagante. J’aime aussi beaucoup les couleurs : un vert sapin, un jaune vif, un bleu ciel… sans plus de détails pour ne pas dévaluer la richesse d’un modèle.

VOS STILETTOS SONT PORTÉS PAR LES PLUS GRANDES STARS DE CÉLINE DION À KATE MIDDLETON. QUID CHEZ L’HOMME… ?

Je préfère rester discret… d’autant que nous commençons juste à les chausser.

DIFFICILE DE TRAVAILLER AVEC SON PÈRE ?

Tout ce que je sais vient de lui. Le savoir-faire, c’est l’expérience. Et j’ai pu apprendre directement au contact de la sienne. C’est une grande opportunité que cette tradition familiale – mon grand-père était aussi chausseur – et j’en suis très reconnaissant.

VOUS AVEZ DEUX ENFANTS DE 26 ET 22 ANS. ONT-ILS REJOINT L’AVENTURE ?

Mon fils apprend le métier, c’est un grand assistant. Ma fille étudie l’histoire de l’art. On verra… Je veux qu’ils fassent ce qu’ils aiment.

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