Volutes Dominicaines

Personne ne peut certifier que Dieu est un fumeur de Havane ! En tout cas, les producteurs de cigares dominicains font tout pour détrôner les cubains. Reportage.

Chaque année depuis 12 ans se retrouvent, à Santiago, les plus grands connaisseurs, fabricants et distributeurs pour participer à Procigar, la grand-messe des spécialistes de cigares dominicains. Onze grands noms de la profession proposent aux participants de découvrir comment naissent leurs cigares.

900 MILLIONS DE CIGARES PAR AN

À Punta Cana, la découverte du cigare commence par la Tabacalera de García, à La Romana, au sud de l’île. Ici, pas de champs de tabac mais une gigantesque entreprise de cigares qui fabrique la moitié de la production cubaine… soit 900 millions de cigares chaque année ! L’usine tourne 24 heures sur 24 avec 5 000 employés.

Après cette puissante entrée en matière, direction Santiago de los Caballeros, dans la région du Cibao, au coeur des terres fertiles et des champs de tabac. Pour mémoire, le tabac est apparu en Amazonie et a accompagné les Indiens Arawaks et Taïnos du sud au nord de l’Amérique dans toutes leurs migrations.

Les feuilles étaient alors empilées jusqu’à former une masse qui était ensuite roulée. En séchant, elle devenait dure comme du bois, ce qui la rendait plus facile à transporter. Le tabac était consommé dans une pipe – le célèbre calumet – et faisait partie du rituel de concentration, moment de paix ou de grande réflexion.

Dès la fin octobre, après la saison des cyclones, commence la culture du tabac. Chaque fruit, chaque graine, contient un millier de semences. Il existe plusieurs variétés dont le « piloto cubano », semence en provenance de Cuba et planté pour la première fois en République dominicaine en 1961 à la Tabacalera Reyes. Une fois la plante germée sous serre, chaque plant est repiqué en extérieur au bout d’une vingtaine de jours et généralement sous des filets protecteurs.

Lorsqu’apparaît la fleur, cette dernière est enlevée et le plant se met alors à se renforcer. Il grossit, les feuilles s’agrandissent. Quatre catégories de feuilles se développent sur le pied, chacune d’elles constituant une partie différente dans l’élaboration du cigare. Plus la feuille est près du sol, plus elle est puissante, épaisse et forte en parfum. Les fines feuilles du haut sont réservées à la cape qui entoure l’extérieur du cigare.

À la Tabacaleria, les feuilles, une fois séchées, seront triées en fonction de leur qualité avant d’être assemblées, comme un vin ou un parfum, pour composer le cigare. ©Stanislas Lucien pour Procigar

TEL UN PARFUMEUR

La culture du tabac dure environ cinq mois. Lors de la récolte, les feuilles sont enfilées par deux et mises à sécher dans des granges. Elles passent alors du vert au jaune puis au brun. C’est la curation qui dure environ 45 jours. La feuille n’est pas sèche car l’humidité qu’elle dégage, combinée à l’action naturelle de ses bactéries, la transforme et la rend apte à devenir un futur cigare.

Lorsque les feuilles de tabac arrivent à la Tabacalera, elles sont triées en fonction de leur qualité. Rassemblées par bottes de 25, elles seront ensuite roulées selon le module déterminé.

En amont de toute création de cigare, intervient l’homme qui élabore le produit final. Il aura puisé, tel un parfumeur, dans sa réserve de feuilles jusqu’à créer un assemblage qui le satisfera. Les feuilles de tabac peuvent provenir, en dehors de la République dominicaine, du Nicaragua, du Connecticut, du Honduras ou même d’Afrique et d’Asie.

La principale note de fabrique de la République dominicaine étant justement de pouvoir élaborer des cigares « réguliers » que l’amateur retrouvera, quel que soit l’endroit où il les auras achetés dans le monde. Direction la civette du Palais Royal, pour découvrir et voyager à travers la large sélection.

Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage.

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