Quand le look campeur arrive en ville

Quand coupe-vents, ponchos anti-pluie et polaires envahissent l’asphalte, on a envie de ricaner. La tendance « gorpcore » est-elle vraiment aussi risible que ça ?

Ils sont plus habitués à chasser les Pokémon GO et les poke bowls qu’à construire des fours solaires et des cabanes ; à camper devant l’Olympia pour voir Étienne Daho qu’à crapahuter dans les Alpes pour traquer le dahu. Et pourtant, leurs vêtements, ils les achètent au rayon trek de Decathlon, chez Patagonia, North Face ou Columbia.

Les plus « hype » vont chez Vetements, Off-White, Louis Vuitton ou Moncler. Ambiance trekking de luxe sur les podiums et dans les rues branchées de la capitale avec en guest star la chaussure de rando, en passe de détrôner la sneaker.

Défilé Louis Vuitton printemps-été 2020.

L’AVÉNEMENT DU « GORPCORE »

Aucun de ces fashionistas ne survivrait plus de trois jours au milieu d’une forêt. Ils seraient même capables de confondre un cèpe avec une amanite tue-mouches. Et pourtant, si parkas imperméables, polaires, bermudas convertibles et chaussures de rando ont fait leur apparition dans nos métropoles, ce n’est pas seulement pour imiter le rappeur ASAP Rocky, qui aime à poser en polaire Napapijri sur Instagram.

Le « gorpcore », contraction de gorp – aka « good old raisins and peanuts », la nourriture énergétique des randonneurs – et core, est bien plus qu’une énième fantaisie de citadins en mal de branchitude. À l’ère de l’urgence climatique, la ville peut s’avérer un terrain à relever tout autant que le fin fond de l’Amazonie.

« En piochant dans le vestiaire des survivalistes et des trekkeurs, les citadins ont l’impression qu’ils vont pouvoir faire face à tous les éléments et qu’ils vont mieux s’en sortir en cas de catastrophe », analysent Vincent Grégoire du bureau de tendance Nelly Rodi.

Défilé Off-White printemps-été 2020.

UN BON INVESTISSEMENT

Une chose est sûre… en attendant l’effondrement (ou pas) de notre civilisation, la panoplie de haute montagne a beau ne pas toujours être esthétique, elle s’avère un bon investissement. Les marques outdoor ont un grand savoir-faire technique.

Leurs produits résistent bien au temps. Certains, comme ceux de Patagonia, sont même garantis à vie. Ils sont légers, faciles à vivre et fonctionnels. Avouons-le, sur un scooter, on est bien mieux en parka de trekking que vêtu d’un manteau en cachemire.

Force est de constater que si les vêtements de campeur s’imposent en ville, c’est aussi parce qu’ils sont ultra performants.

LE TREKKING DANS LE MÉTRO

L’utile donc, mais aussi l’agréable. Car qui dit matières « outdoor » dit matières hautement techniques, facilitant une meilleure respiration de la peau et une meilleure régulation de la température corporelle. Ce n’est pas un hasard si les grands noms du luxe s’approprient ces techniques en les combinant à des pièces plus couture.

Dans quelques saisons, on pourrait même voir débarquer des vêtements de trekking qui réduisent notre stress. Comment ? Grâce à un ingénieux tissu hi-tech, imprimé de composants électroniques capables d’appliquer des vibrations calmantes sur l’épine dorsale.

Cette innovation est en train d’être développée par un centre de recherches néerlandais. Ça peut s’avérer utile, que ce soit face à un grizzly ou une rame de métro bondée…

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