Passion masculine chapitre III : l’amour des jardins

« La vie commence le jour où vous commencez un jardin », disait déjà Confucius. Dans un monde de plus en plus virtuel, créer un jardin, se connecter à la terre, coopérer avec la nature est une promesse de bonheur, d’un avenir meilleur. Exemples choisis à travers quelques messieurs qui ont la main heureuse.

Ils sont directeur artistique, parfumeur, entrepreneur, producteur de cinéma, artiste plasticien, créateur… tous aussi jardiniers, ou plus précisément, le sont devenus. Leur décision d’explorer « l’émerveillement », comme le définit Gilles Clément, le jardinier des jardiniers, inventeur du Jardin en Mouvement, du Jardin Planétaire et du Tiers-Paysage, les a poussés à faire germer quelques rêves verts. Qu’ils soient de buis, de biotopes, de garrigue, d’arbres ou nourriciers, leurs jardins parlent de la relation au vivant, de cette collaboration bienfaisante, entre l’homme et la nature.

 « Retrouver à contre-courant le chemin du jardin, c’est dès lors retourner à nous-mêmes ou à cette marge d’humanité qui résiste en nous, explique l’écrivain-jardinier Marco Martella dans son livre Un petit monde, un monde parfait*. Ainsi, outre un lieu destiné à nourrir le corps et l’âme, le jardin a toujours été un laboratoire. Dans son microcosme protégé, l’individu se découvre à penser la vie autrement, il réinvente son destin. » 

Pascal Brault, directeur des collections Chanel, Pierre-Constantin Guéris, parfumeur, Thierry Juge, jardinier, Pierre Sauvage, directeur de Casa Lopez, Patrick Frey, président de Pierre Frey, Christian Louboutin, chausseur, Louis Albert de Broglie, fondateur du Prince Jardinier, Fabrice Hyber, artiste plasticien, Maurice Tinchant, producteur de cinéma… Quelques passionnés nous livrent leur jardin et délivrent leur engagement, qu’il soit écologique, esthétique, patrimonial, artistique, philosophique… le plus souvent tout cela à la fois.

Le jardin rêvé de Christian Louboutin, créateur et chausseur

Télescopage du passé et du présent ! Quand Christian Louboutin apprend par son ami Louis Benech, jardinier-paysagiste auteur du Jardin des Tuileries et de plus de 300 autres, que les Jardins de Kerdalo sont à vendre, il se précipite en Bretagne. « Je n’y ai d’abord pas cru. Pour moi, c’était comme acheter la tour Eiffel, un mythe, quelque chose d’impossible ! » Il convainc Isabelle Vaughan, petite fille du prince Peter Wolkonsky, premier propriétaire. Celui-ci, peintre, avait acquis en 1965 ces terres presque vierges afin de les transformer en véritables tableaux impressionnistes, toujours en mouvement.

Mêlant inspirations anglaise et italienne, plus de 5 000 variétés de plantes s’épanouissent sur 17 hectares, suivant de nombreux cours d’eau et sources. Christian Louboutin les avait arpentés une première fois quand il était devenu paysagiste, délaissant pour un temps les souliers, après la rétrospective de son mentor Roger Vivier aux Arts Décoratifs. Il avait été ébloui par Kerdalo. « Quand j’ai découvert ce jardin, à 22 ou 23 ans, je me souviens avoir été impressionné par la maturité précoce du jardin. On sentait le savoir-faire et la sensibilité artistique de son inventeur. J’ai ensuite beaucoup potassé sa composition dans divers livres et revues. L’exploit est d’autant plus grand qu’au départ, cet endroit était une vaste prairie. » Aujourd’hui il entend perpétuer cette œuvre vivante. 

Retrouvez nos amoureux des jardins dans la nouvelle édition de Monsieur, actuellement en kiosque ou disponible ici.

les articles du moment