Le look d’Ignatious Joseph à la loupe

Les habitués du Pitti Uomo à Florence le connaissent sous le nom « The man re with thed shoes* ». Ce Sri-Lankais, fondateur du label IGN-Joseph, est toujours impeccablement vêtu. Un amoureux du style et du made in Italy.

Photography, Italy IG @alessandromichelazzi

Pourquoi ce look ?
« C’est l’expression quotidienne de ma vie depuis ma jeunesse au Sri Lanka jusqu’à mon âge adulte en Allemagne. La base de ma garde-robe est celle des hommes anglais du XXe siècle allégée par l’artisanat italien et pour les climats chauds. Mon style a aussi une histoire personnelle. Mon père et mon grand-père étaient fonctionnaires sous l’administration coloniale britannique. Ils s’habillaient comme s’ils étaient à Londres alors qu’ils étaient sous les tropiques. Il y a 20 ans, à Florence, on se moquaient de mes chaussures rouges portées avec un pantalon court. Aujourd’hui, certains m’imitent… c’est ma signature. »

La veste
« Non doublée, en coton, soie et lin, elle est réalisée par Sartoria Bernadies dans les Pouilles. Mon effort est d’incarner une élégance justement sans effort. Mon inspiration ? L’Italie où tout semble conçu, en matière de mode, comme si c’était pour les vacances et les loisirs. Les Italiens sont capables de donner à un costume de banquier l’esprit d’une brise napolitaine. »

Les chaussures
« Le rouge est un raffinement « flashy » que j’avais voulu donner à mes bottes blanches de cricket lorsque j’étais écolier. Cette teinte était la couleur masculine archétypique tandis que les filles portaient le bleu de la Sainte Vierge – oui, j’ai été éveillé dans la religion catholique à Ceylan. Peindre mes bottes en rouge m’a valu une belle raclée à la maison. Alors aujourd’hui, c’est une sorte d’honneur de guerre que d’habiller mes souliers de cette couleur. »

Le chapeau
« J’en porte toujours un. Ici, c’est un panamas, de ma propre création. Comme tous les authentiques panama, il est issu d’un tissage de paille « toquilla », une variété de palmier qui pousse en Équateur. Je l’ai fait faire à Monza en Lombardie. »

La chemise et la cravate
« Fabriquées en Italie sous le label IGN-Joseph. Depuis 20 ans, je crée des chemises pour les hommes qui ne se contentent pas de suivre les autres. On pourrait paraphraser un des Analectes de Confucius : “Ne soyez pas déçu de ne pas être reconnu, efforcez-vous d’avoir un vrai style digne de reconnaissance.” »

Les revers
« Toujours des revers très larges – 5 à 7 cm – et je porte mes pantalon très courts. Sans doute pour mettre en valeur mes souliers – ici les doubles boucles de l’atelier Rozsnyai, fabriquées à la main à Budapest. Important aussi, les chaussettes (Bresciani) se doivent d’être rouge, forcément. »

* L’homme aux chaussures rouges.

Propos recueillis par Hélène Claudel

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