Maison Poursin, Daudé : Dans la boucle du luxe

Depuis 2002, Karl Lemaire sauve les manufactures d’accessoires en laiton qui participent à la beauté des objets de mode qu’on adore. Un homme passionné et engagé.

Quel est le point commun entre un sac Louis Vuitton et l’uniforme d’un policier ? A priori aucun. Demandez au patron d’Acdis et il vous répondra tout de suite avec enthousiasme : « un rivet Daudé et une boucle de la Maison Poursin ». Son nom est Karl Lemaire, « pas Karl Lagerfeld », dit-il en plaisantant. Pourtant, comme le « kaiser » de la mode, il contribue à préserver les racines du luxe français.

Depuis 2002, il sauve, une à une, les manufactures qui ont fait l’histoire de la maroquinerie, de la chaussure mais aussi celle de l’équipement militaire. « Ce serait un immense gaspillage de les supprimer, explique cet autodidacte passionné de savoir-faire. Elles sont les archives vivantes de tout un secteur qui fait la renommée de la France. »

Ancien catalogue de boucles de brides et de fameuses bloucles anglaises datant du XIXe siècle et toujours fabriquées par la maison.

D’abord, Karl reprend la fonderie d’étain Atelier Montlouis. Celle-ci fournissait en bijoux fantaisie les grands noms dans les années 90. Puis, en 2012, Daudé, une maison fondée en 1828, inventeur des rivets et œillets métalliques figurant sur les plus beaux sacs et tenues militaires. En 2016, ce bienfaiteur sauve in extremis la Maison Poursin, une institution datant de 1830, le dernier fabricant de bouclerie de luxe et harnachements équestres à Paris. Pour donner un ordre d’idée, la maison fournissait déjà Louis Philippe et Napoléon III.

ICI, ON EST TRÈS « #PASSIONLAITON »

Aujourd’hui, elle équipe certaines cavaleries royales d’Europe ainsi que la Garde républicaine. Sans parler des grands noms de la mode. Enfin, il y a quelques mois, l’homme rachète Eurofac Industries, une société située dans l’Orne et reconnue depuis 1929 pour la fabrication par matriçage à chaud (pour les gros volumes) d’accessoires métalliques, en laiton exclusivement. Ici, comme dans toutes les manufactures de Karl, on est très « #passionlaiton ».

En effet, on ne travaille que ce matériau noble. Il ne se casse pas, ne s’oxyde pas et s’anoblit avec le temps. Il est durable, se recycle facilement et « depuis peu, insiste l’entrepreneur, on lui reconnaît des propriétés antibactériennes. Certains hôpitaux se l’approprient sur les poignées de portes pour lutter contre la transmission des bactéries. »   

Les rivets Daudé se retrouvent tout aussi bien sur des sacs de luxe que sur des tenues de policiers. Quant à la Maison Poursin, c’est le dernier fabricant de bouclerie de luxe et harnachements à Paris.

LEUR CLIQUETIS EST IRREMPLAÇABLE…

Si les manufactures Eurofac et Daudé sont équipées en outils numériques pour des fabrications industrielles, Karl reste très attaché aux machines centenaires de la Maison Poursin. Leur cliquetis est irremplaçable…

Selon lui, elles « sont les garantes du patrimoine et de l’excellence du made in France, d’un savoir-faire réel face à une externalisation effrénée du monde de la production. » L’homme est engagé et fait de la résistance. Ça lui va bien.

Parmi ses clients dans le domaine de la mode, on compte Lanvin, Louis Vuitton, Lagonda, John Lobb, Chapal, La Botte Gardiane mais aussi des jeunes marques à l’approche très « slow » comme Le Soulor ou Asphalte. Bientôt, la Maison Poursin lancera son e-shop avec plus de 400 références. Karl Lemaire a le talent de savoir conjuguer le passé au présent.

les articles du moment