Êtes-vous un « DILF » ?

Le père de famille est le nouveau fantasme féminin mais aussi celui de la mode, de la littérature, du cinéma et celui d’Instagram. C’est l’ère du « Daddy I’d like to fuck ». Une bonne nouvelle ?

Pour sa collection printemps-été 2018, Demna Gvasalia, le directeur artistique de la maison Balenciaga, a fait défiler de « jeunes pères et leurs enfants au parc le week-end », comme il était indiqué sur le communiqué de presse. Esprit identique dans sa campagne de pub photographiée par Robbie Augspurger. Même, il a inventé un style : le « dadcore », un dérivé du « normcore » autrement dit un papa banal habillé comme Monsieur tout le monde dans les années 90. Mais si vous en aviez honte, à cette époque, lorsque le vôtre vous attendait à la sortie du collège ou du lycée, là, grâce à Demna, votre père aurait incarné la pointe de la hype avec ses parkas informes et son look à la Deschiens.

Le père, nouvelle star s’Instagram

Le père à l’honneur, Acne Studios avait déjà initié le genre cet hiver en faisant poser avec leurs 4 enfants, Kaleb Anthony et Kordale Lewis, ce couple de papas gay, stars d’Instagram. Car sur les réseaux sociaux aussi, le père a la cote. Désormais, il a ses propres hashtag « instadad » « dadlife »… et ses vedettes. Pas moins de 737 000 followers suivent ainsi les aventures de Simon alias « @Father_of_daugthers », ce beau gosse, père de 4 adorables petites filles qui racontent avec dérision et sans filtre son dur quotidien.

Usually bedtime is like walking into a warzone, a warzone with low level lighting, soft furnishings & bunny rabbits. Its a place where books are used as sharp cornered weapons and children break camoflague from underneath soft toys to lob bottle shaped milk grenades indiscriminately at people over 4 ft tall, but tonight was different. In the time it took me to get milk squared away and peg it back upstairs, the twins exhausted all of their energy reserves, allowing the silent assassin, sweet sweet jetlag, to stealthly slip in behind enemy lines and render them comatose. This was our victory photo. Of course the victory is bitter sweet as I now have to move these dead weights & will no doubt be revisited by them at 3am when they think it’s morning, bit for now, we’ll bask in the glory that is 2 little girls that fought the good fight, but lost to sleep. (See stories for vids). #jetlagforthewin #theycametheyfoughttheylost #easiestbedtimeever #ilovethesmellofnappiesinthemorning #fatherofdaughters #fod #dadlife #instadad

Une publication partagée par Simon, also known as FOD (@father_of_daughters) le 19 Févr. 2018 à 12 :55 PST

S’il est le plus populaire, les papas influenceurs sur instagram se comptent à la pelle : @howtobeadad, @thedaddyfashionstylist@lunchboxdad, @fashiondads_, etc… ou encore @sbsolly (175 k) qui se met en scène avec son bébé de façon drôle et complètement décalée. Sa petite Zoé se retrouve en nain de jardin, pot de fleur, lapin, petit chat, nuggets… selon les délires de son daddy. « Quand elle est née, j’ai voulu l’inclure dans mes clichés pour qu’elle puisse avoir des souvenirs marrants avec son papa », explique-t-il. Un insta pour un instant partagé. Car il s’agit bien de ça aujourd’hui, de temps ; les pères se rendant de plus en plus disponibles pour leurs enfants.

Gnome is where the heart is ???!! #lifeofdad #dadlife

Une publication partagée par Sholom Ber Solomon (@sbsolly) le 2 Juin 2017 à 9 :00 PDT

Daddy I’d like to fuck

Un moment de complicité que l’on retrouve aussi chez certains papas poules people. Sur Instagram ou dans les magazines, on les voit, à l’occasion d’un match ou d’une sortie en vélo, tendres et tout sourire, avec leur progéniture dans les bras. Mark Zuckerberg, Orlando Bloom, Guillaume Canet, Brad Pitt, David Beckham… Ce dernier incarnant à la perfection le « daddy I’d like to fuck », ces pères beaux, sexy, qui gèrent tout de front, leur carrière, leurs enfants, leur femme, leur cuisine… le tout, en restant cool et méga désirables. En somme, une version masculine de la « Milf », acronyme un brin sexiste et anti-poétique pour désigner la « mother I’d like to fuck » des années 2000. (Sans son côté porno).

Le fantasme du père célibataire
Fini donc les jeunes éphèbes au corps luisant et sculpté. Les femmes veulent un homme ancré dans le quotidien et la famille, un mec, un vrai, qui n’a pas peur d’avoir des rides et même une petite bedaine comme le démontre le phénomène du « dad bod ». Les « bourrelets à papa » seraient rassurants, paraît-il. Et pour peu que le papa soit célibataire ou mieux, veuf… et là, c’est le graal. Quelle femme n’a pas craqué devant ce père foutraque interprété par Gustave Kervern dans Cigarette et Chocolat ? Autant dire qu’elle est là, la bedaine.

Single (hot) daddy novels

En Angleterre, les « daddy romances » et « single (hot) daddy novels » explosent. Oubliez le milliardaire un peu tiède à tendance sado de Cinquante nuance de Grey. Désormais le fantasme absolu de la ménagère, c’est le père célibataire. Je vois déjà un sourire s’esquisser au coin des lèvres des jeunes divorcés. Pour preuve, la maison d’édition anglaise spécialisée dans les romans à l’eau de rose, Mills & Boon, a vu ses ventes dans ce secteur faire un boom en 2017. Les éditions Harlequin aussi ont sorti leur single « daddy romance ». Et en observant les torses bodybuildés et luisants des hommes en couverture, on se dit qu’on reste encore et toujours très cliché.

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