LA FLEUR À LA BOUTONNIÈRE

Raffinement d’un autre temps sauf pour les mariages, la fleur à la boutonnière est une élégance subtile qui obéit à quelques règles. Dominique Lelys nous les rappelle ici.

Une veste de bonne facture aura toujours (ou presque), à l’arrière du revers, une bride apposée sous la boutonnière permettant de retenir l’ornement floral. Afin qu’il ne se flétrisse pas, on aura pris soin d’y accrocher un petit vase plat ou conique, souvent en plastique, quelquefois en argent pour les modèles les plus luxueux, dans lequel la tige sera insérée, car on aura évidemment pris soin de ne jamais porter de fleur synthétique, même en tissu, aussi bien faite soit-elle !

Pour les cérémonies comme un mariage, sur une jaquette ou un simple costume, mieux vaut miser sur la sobriété car il serait déplacé d’être plus fleuri que le marié lui-même ; de même, il est préférable d’éviter de se retrouver être le seul fleuri à l’occasion d’un conseil d’administration (sauf peut-être si vous en êtes le président). En revanche, que ce soit pour des vêtements de ville ou de campagne, la fantaisie relèvera du choix exclusif de son porteur.

Mais attention, il sera nécessaire d’appliquer deux règles :

  • l’harmonie colorée de l’ensemble, consistant à choisir une fleur ou un feuillage qui reprendra l’un des tons, soit de la veste, soit de la cravate
  • et l’élément olfactif, chaque fleur correspondant non seulement à un tempérament mais aussi à une sensation : la lavande par exemple, fleur bleue tirant sur le mauve, a un effet apaisant tout en émanant une sensation de « propre » ; le chèvrefeuille et le jasmin évoquent l’amour et l’élégance ; la fougère s’accorde au tempérament tandis que la violette marque la modestie.

Chaque fleur représente, tout comme les pierres dures, un sentiment. Dès lors que l’on est certain de maîtriser ces codes, il faudra, de plus, veiller à ne pas trop se parfumer soi-même, car il n’y a rien de plus dérangeant que deux fragrances qui s’opposent ! Enfin, le choix de la fleur devra être en rapport avec celui du tissu : une simple marguerite sera du plus bel effet sur un blazer d’été bleu marine, tandis qu’une orchidée paraîtra déplacée sur une veste en denim. Il faut également veiller à ne pas porter de fleur trop volumineuse si l’on est petit, ou de trop petite si l’on est grand, tout est une question d’équilibre… Mais si l’on désire faire fi de ces accords, pourquoi pas, l’important étant le résultat final et la manière de l’assumer ! Déjà.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 À l’arrière du revers, une bride retient l’ornement floral. Un petit vase plat empêchera qu’il ne fane. Car jamais de fleurs synthétiques à la boutonnière.

 


MODE D’EMPLOI

Si vous êtes déterminé à franchir le pas qui mettra la touche d’élégance finale à votre tenue, voici quelques indications qui permettront au nouvel adepte de se familiariser avec ce langage.

  • Pour les costumes de ville neutres (gris, gris clair, bleu et dominantes « argent ») en lin, lin et soie, coton ou lainages légers : on choisira de préférence des azalées, hydrangeas, œillets d’Inde, lavandes, roses ou delphiniums ;
  • Les costumes habillés (anthracite, noir, marine) en lainage, alpaga ou cachemire s’accorderont avec le lys, le muguet, l’œillet, le myosotis, la hyacinthe ou le choisya (également appelé « oranger du Mexique », et très odorant) ;
  • Les blazers (marine ou à rayures) en coton ou lainage fin aimeront la marguerite, l’œillet et toute fleur rustique, comme le crocus, la renoncule ou la potentille ;
  • Les vestes sport d’été (beige, marron, écru, jaune, mousse et dominantes « or ») en lin, coton ou soie aimeront la lavande, la fougère, le myosotis, le géranium ou encore l’hortensia ;
  • Les vestes sport d’hiver (rouille, lovat, rouge, vert, dominantes « or » également) en tweed chiné, à carreaux ou en cachemire uni : choisir la fougère, le chardon, voire les glands de chêne et toutes baies en harmonie avec la tonalité minoritaire du tissu. Afin de préserver sa symbolique, il est préférable de ne porter le bleuet que pour les commémorations (11 novembre et 8 mai), auquel cas cette fleur, naturelle ou en insigne, pourra être portée sur n’importe quel tissu, quelle qu’en soit la tonalité. Il ne faut pas oublier que l’on peut, avec circonspection, combiner les fleurs et y adjoindre un peu de feuillage.
  • Attention au choix de la pochette qui risque, pour l’occasion, de devenir l’élément en trop si elle est mal assortie.
  • Enfin, pour les plus audacieux, il ne faut pas hésiter à parer de fleurs… le revers de son manteau ou de son imperméable ! Une lecture est indispensable pour les adeptes du petit plus que représente la boutonnière : The boutonnière, style in one’s lapel de Umberto Brioni.
les articles du moment