En revoyant Les heures sombres, le film de Joe Wright, Gary Oldman a poussé la ressemblance avec Churchill jusqu’à la reproduction exacte de sa Breguet. La plus précieuse aux yeux de ce grand amateur de montres. Une occasion de s’attarder sur le poignet d’une des figures les plus fascinantes du XXe siècle.
Sur la plupart des portraits du Premier ministre britannique apparaît une châtelaine en or, faite de maillons allongés. Elle court d’une poche à l’autre du gilet.
Parfaitement fidèle à son illustre modèle, Gary Oldman l’arbore dans le film Les heures sombres de Joe Wright sur les costumes recréés par le tailleur Henry Poole de Savile Row pour l’occasion. Mais que retenait donc cette chaînette?
À l’une de ses extrémités, divers porte-bonheur et médailles, dont une figurant le « V » de la victoire, un cœur en or et grenat, cadeau de sa femme Clémentine, et une autre à l’effigie de l’un de ses héros : Napoléon. À l’autre extrémité, la montre qui lui est la plus chère : celle de son grand-père.
LA BREGUET DE SON GRAND-PÈRE RESSUSCITÉE
Cette montre de poche est, en effet, le chronographe à répétition minutes et seconde rattrapante n°765, surnommée « The Turnip » (le navet, en français). Un garde-temps acheté chez Breguet en 1890 par John Winston Spencer-Churchill, septième duc de Marlborough. Une pièce horlogère de choix dont Sir Winston prenait le plus grand soin. Les archives de la maison Breguet attestent que la montre leur a été retournée en 1901, 1922, 1946 et 1947. En 1946, les registres indiquent que la réparation lui est offerte « en hommage à sa conduite pendant la guerre ». Sensible à ce geste, Churchill envoie en retour un exemplaire dédicacé de son livre Into Battle, recueil de ses plus célèbres discours de guerre, dont ceux interprétés avec talent par Gary Oldman dans le film, pour lequel il vient d’ailleurs de recevoir le Golden Globe du meilleur acteur dramatique. Le précieux garde-temps appartient toujours à la famille, mais il peut être vu par le public avec d’autres souvenirs conservés par l’Imperial War Museum dans le bunker souterrain de Churchill à Londres. Le réalisateur du film a souhaité avoir la montre originale.
Comme cela n’a pas été possible, Breguet a accepté de reproduire très exactement cette pièce historique et a donc donné vie, à plus d’un siècle de distance, à une réplique fidèle. Elle fait désormais partie de la collection de l’horloger.
LA 100 000 ÈME ROLEX EN CADEAU
Churchill arborait aussi des montres-bracelet, notamment celles reçues en cadeau après la guerre. Une montre tient une place particulière dans cette collection. Il s’agit d’une Rolex Oyster Perpetual Datejust en or 18 carats, à lunette cannelée, cadran blanc et bracelet Jubilé très spéciale.
Cette montre, portant le n° G.53.639 et produite en 1947, est le 100 000e chronomètre officiellement certifié. Hans Wilsdorf, fondateur de Rolex, souhaite que cette montre orne le poignet de « l’une des plus grandes personnalités des temps modernes ». Le choix se porte naturellement sur Churchill. Goûtant cet hommage, le plus célèbre des Britanniques accepte volontiers, et demande à faire graver au dos du boîtier ses armoiries. Une première pour Rolex, qui équipera ensuite un grand nombre de chefs d’États.