Les montres d’Elton John

Roi de la pop et star engagée, Elton John a le sens du rythme, de l’improvisation et de la démesure avec un style haut en couleurs, exubérant, généreux et précieux. Ses montres lui collent à la peau.

Elton John entretient une relation très émotionnelle avec ses montres. Il ne sort jamais sans l’une des nombreuses pièces de sa collection, notamment une de ses Rolex, comme ici lors du festival de Cannes.

La vie est trop courte pour porter des montres tristes. Paraphrasant Oscar Wilde, l’un de ses modèles, Elton John n’a jamais cédé à la morosité. Des montres flamboyantes, colorées, serties ou sur-mesure complètent depuis plus de 40 ans les tenues extravagantes de l’artiste qui s’est produit plus de 4 000 fois en concert dans plus de 80 pays.

Si elles sont peut-être moins connues que ses immenses lunettes, elles n’en sont pas moins un indicateur de sa personnalité. Car le chanteur a toujours voulu mettre de la couleur dans sa vie.

Comme pour contrecarrer les souvenirs moroses d’une enfance en bleugris, entre le ciel de Pinner, petite ville anglaise du Middlesex, et les uniformes de son père, pilote dans la Royal Air Force.

L’enfant unique et introverti, vêtu de manière stricte et démodée, se nomme encore Reginald Kenneth Dwight. Depuis le 9 février 1972, son état civil a changé et il est devenu Elton John. Un personnage dont il a façonné jusqu’au nom, en combinant les prénoms du saxophoniste Elton Dean et du chanteur Long John Baldry.

Des les années 70, Elton John, en pleine ascension vers la gloire (ici en 1972, en compagnie du rockeur Marc Bolan et de l’ex-Beatles Ringo Starr), choisit avec soin ses montres, notamment des pièces en or iconoclastes, plus originales que les modèles classiques alors en vogue. ©Rue des Archives / RDA2

Les deux artistes ont beaucoup impressionné le jeune homme, l’un par sa beauté, l’autre par sa liberté sexuelle. Deux autres personnages vont encore compter. D’une part le second mari de sa mère, le peintre-décorateur Fred Farebrother, qui s’intéresse aux débuts de la carrière musicale de l’adolescent lorsqu’il fonde Bluesology en 1962.

L’autre rencontre clé, c’est bien sûr celle avec Bernie Taupin. En juin 1967, le futur Elton John répond à une petite annonce dans le journal New Musical Express ; le parolier recherche un compositeur. C’est parti. Les succès ne vont cesser de s’enchaîner. En plus de cinquante ans de carrière, Elton John a vendu plus de 300 millions de disques.

En 1997, sa chanson Candle in the Wind devient le single le plus vendu depuis la création des hit-parades, avec 33 millions d’exemplaires. Des chiffres qui donnent la mesure de son immense succès, et permettent d’imaginer sa fortune. Boulimique de musique et de scène, le chanteur devient aussi un collectionneur compulsif.

Maisons, tableaux, bijoux, voitures… l’inventaire est impressionnant. D’autant plus que l’artiste est un jouisseur qui ne thésaurise pas ses trésors mais aime les utiliser et les partager. C’est évidemment le cas pour ses montres.

UN COLLECTIONNEUR INSATIABLE

Dès les années 70, avec les premiers succès, le chanteur se met à porter des montres de prix, généralement en or. Des garde-temps assez classiques, qui sont les indicateurs de sa bonne fortune. Mais pas encore les éléments de son style. La rencontre décisive, ce sera celle avec Franck Muller.

Le chanteur s’enthousiasme immédiatement pour les créations de celui qu’il n’hésite pas à qualifier de « Picasso des montres » et lui commande de nombreuses pièces.

« À l’époque, les jolies montres pour hommes étaient ennuyeuses et classiques. Soudain, Franck Muller a rendu possible pour les hommes d’oser porter des montres audacieuses. Franck était un spécialiste de l’intérieur, les mouvements, mais l’extérieur était aussi vraiment beau, avec des cadrans pleins de couleurs » commente l’artiste qui vient justement de donner une seconde vie à ses pièces uniques et autres commandes spéciales signées Franck Muller, en se tournant vers George Bamford, fondateur de Bamford Watch Department, pour réaliser des personnalisations uniques, notamment des sertissages et des adaptations de couleurs, sur dix pièces anciennes.

Des montres pour une belle cause : en Juillet 2016, Sir Elton John et Jean-Claude Babin, CEO de Bulgari, signent leur engagement commun dans la lutte contre le SIDA. ©Bulgari

« George Bamford est venu les choisir dans mes archives. Je suis très excité de travailler avec Bamford Watch Department pour donner une touche très personnelle aux pièces de Franck Muller que j’ai collectionnées au fil des années », commente le chanteur. Cette touche personnelle, c’est bien sûr la couleur.

« Les couleurs éclatantes sont devenues l’une des marques de fabrique de Sir Elton John. Créer cette merveilleuse collection très spéciale a été une fantastique opportunité d’incorporer cette signature et cet esprit dans ces montres rares qu’il a choisies méticuleusement » souligne George Bamford, fier d’avoir reçu l’autorisation de la manufacture suisse pour intervenir sur les dix pièces, ce qui est une première.

SYMPHONIE DE COULEURS

En revanche, ce n’est pas la première fois que la star s’implique personnellement dans des projets de créations de montres. En effet, à plusieurs reprises, l’artiste philanthrope a conçu des montres vendues au profit de sa fondation pour la lutte contre le SIDA.

Les collaborations les plus remarquées et les plus célèbres, outre celles avec Bulgari, sont les éditions spéciales créées avec la maison Chopard. Après plusieurs personnalisations colorées de chronographes, en jaune, vert, ou avec des sertissages, c’est en 2009 que le chanteur et son amie Caroline Scheufele ont dessiné ensemble une ligne spéciale.

La coprésidente de Chopard en commentait ainsi l’esprit lors du lancement : « c’est un témoignage de son amitié avec la maison et de son amour des montres. Elles reflètent l’extravagante personnalité de l’artiste autant que son immense générosité. Un diamètre large, une carrure imposante, des pierres précieuses, de l’or rose… Le chronographe Elton John est très mode et combine en même temps toutes les qualités d’un modèle classique ».

Rien d’étonnant si l’acteur Taron Egerton porte des montres et des bijoux signés Chopard pour interpréter le chanteur dans le biopic Rocketman.

Loin des salles obscures, l’artiste aime toujours autant les montres nouvelles. Récemment, il a été vu avec divers modèles de caractère, notamment une Royal Oak Offshore au bracelet rouge d’Audemars Piguet, plusieurs montres Hublot, notamment un chronographe Big Bang serti sur bracelet vert, ou des modèles colorés, jaunes ou roses, dans le style « Tutti frutti », sans oublier une Cosmograph Rolex Daytona « Rainbow » référence 116595RBOW en or Everose, et une rare et originale Rolex Yacht-Master 40, référence 116695SATS, en or Everose 18 cts, dont le cadran serti de diamants est paré d’une lunette tournante bidirectionnelle ornée de saphirs multicolores, et de tsavorites vertes.

Une pièce chatoyante que l’artiste assume parfaitement. Pour la personnalité plus discrète de son compagnon David Furnish, il a cependant préféré, lors d’une récente escale à Capri, lui faire cadeau d’une autre montre nautique de Rolex : une GMT-Master II en or Everose, avec cadran et lunette noire. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

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