Paris Silence : « La lumière était si radieuse »

Stéphane Gizard a vécu le confinement comme une occasion de révéler la beauté de Paris déserté. Des clichés qui témoignent aussi d’une époque en plein questionnement. Alors que le livre rassemblant son travail rencontre un grand succès, le photographe a posé son Canon pour répondre à nos questions.

Stephane Gizard Paris Fige Rivoli

Quelle a été votre motivation sur ce projet ?

Je suis un photographe plutôt spécialisé dans le portrait. Mais j’ai toujours aimé photographier les décors vide que ce soit durant mes voyages ou dans mon travail autour du portrait et de la photo de mode. Dans mes livres ou mes expos, il y a toujours des espaces vide, comme un souffle. J’aime les lieux désertés. Surement parce que j’ai grandi en ville et qu’il y a toujours un sentiment d’étouffement.

Je pense également qu’un bon photographe doit pouvoir sortir de son confort en faisant autre chose. J’étais à Paris et il était hors de question de rester enfermé. De plus, je ne prenais aucun risque, travaillant en solitaire et me déplaçant en scooter. Enfin, la lumière radieuse a été comme un « appel au devoir de mémoire ». Je devais le faire.

Qu’avez-vous ressenti au-delà de votre œil de photographe ?

Cela fait partie des plus beaux moments de ma vie… « Une parenthèse enchantée », comme l’écrit PPDA dans la préface. C’était une sorte de vacances prolongées et studieuse. J’ai pris le temps de me poser… car il est rare que je reste plus de 3 semaines sans bouger de Paris. Cela m’a fait du bien et j’ai pu me consacrer entièrement à ce projet, à cette nouvelle « Histoire » de Paris.

Avez-vous pris la mesure de ce qui était en train de se passer ?

Je crois oui. En revanche, je n’ai pas du tout eu un sentiment de peur. Bien au contraire. J’ai eu le sentiment que la peur qui s’emparait du monde marquerait un changement de société profonde. Ce livre restera un témoignage de la folie collective d’une époque en plein questionnement.

Dans vos repérages, recherchiez quelque chose en particulier ?

J’ai shooté au feeling des endroits qui me plaisent et qui ont du sens pour moi… Je n’avais pas d’idée préconçue de cadre, je m’adaptais à la lumière.  Je n’ai rien chercher de plus qu’à figer cet instant exceptionnel. Paris était si jolie, si propre, si silencieuse… J’ai choisi de photographier l’ensemble en format vertical, à une focal fixe de 24 mm et en couleur. Cela apporte du sens, de la poésie.

Quelle a été ta plus grande surprise ?

J’ai découvert des endroits où je n’étais jamais allé. Je conseille l’Église Saint-Germain de Charonne et la rue qui est en face. On n’est plus à Paris ! On se croirait dans un de ces anciens villages qui entourent la région parisienne.

Aujourd’hui, est-ce que tu vois Paris différemment ?

Je vois Paris comme une ville encore plus belle ! Et j’espère que la propreté que l’on voit dans mes photos sera la référence et que le civisme vaincra !


Paris Silence, par Stéphane Gizard, préface de Patrick Poivre d’Arvor et haïkus d’Arthur Dreyfus, 20 x 28 cm, 368 pages, 39,90 €. Disponible dans La Boutique de Monsieur.fr

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