Santos, ou l’envol de la montre bracelet

Créée pour un aviateur, la montre Santos a révolutionné le style horloger .

||1978 / Alain-Dominique Perrin

Le 12 novembre 1907, en descendant de son avion, après un vol de 220 mètres, le magnat Brésilien Alberto Santos-Dumont consulte la montre fixée à son poignet. Il a parcouru la distance en 22 secondes. Le voici détenteur du premier record du monde de vitesse. Pionnier de l’aviation, le pilote est aussi, un précurseur de l’horlogerie moderne. Certes, en 1571, le comte de Leicester avait offert à la reine Elizabeth Ière un bracelet muni d’une petite montre. Certes Abraham-Louis Breguet, Pierre Jaquet-Droz, les maisons Boucheron ou Girard-Perregaux ont déjà imaginé quelques montres à porter ainsi. Mais la chronique contemporaine retiendra comme la plus marquante la montre créée par Louis Cartier pour son ami aviateur.

L’idée serait née lors d’une soirée mondaine, en 1904, afin que l’aventurier puisse vérifier le temps sans lacher les commandes. En 1907, le projet est devenu réalité. La montre répond à l’exigence technique des temps nouveaux avec sa lunette vissée. Une commande spéciale voué à rester une pièce unique, sans la réputation de l’aviateur, son style et son entregent. A partir de 1911, la Santos est vendue rue de la Paix, avec un mouvement dix lignes signé Jaeger. Le 30 janvier 1913, le comte Kinsky s’en offre une en platine; première version précieuse. La Grande Guerre généralise l’usage de la montre bracelet. La Santos devient l’un des piliers du style Cartier. Dans les années 80, elle est mixte, appréciée avec un bracelet acier à vis d’or. La réinterprétant sans cesse avec une audace, Cartier ne cesse de la rendre contemporaine. La forme de la Santos est devenue l’écrin de ses calibres de haute horlogerie. Pas de doute, avec la Santos, la montre bracelet avait définitivement pris son envol.

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