SIHH 2019 : l’art et les matières

Pour séduire, les horlogers misent sur des matériaux innovants ou adaptent les savoir-faire les plus traditionnels. Un travail de la matière que ce soient pour des créations viriles ou rafraîchissantes.

Richard Mille, collection Bonbon ©JeromeBryon

On croirait pouvoir le manger. Ce petit ruban de réglisse enroulé derrière les aiguilles, au cœur du cadran de l’une des 10 nouvelles montres Richard Mille de la surprenante collection Bonbon.

RM 16-01 Réglisse, collection Bonbon, Richard Mille.

Et ce petit marshmallow tout coloré et dodu qui emplit cette autre version, on s’imagine le malaxer entre ses doigts. Il n’en est rien, puisque derrière les couleurs pop acidulées et la sensation troublante d’avoir sous les yeux de véritables sucreries, se cache la fine fleur des savoir-faire horlogers les plus traditionnels tels que l’émaillage, la gravure ou la micro peinture.

CANDY WATCH

La maison d’horlogerie contemporaine fait le pari de transposer ces techniques ancestrales, supposant des gestes rares et impressionnants, au service de pièces espiègles et délicieusement régressives. Un style qui s’éloigne pour une fois des très traditionnelles exécutions des montres dites « métiers d’art » d’esprit naturaliste figurant des scènes supposées bucoliques ou romantiques un peu compassées.

De la force, de l’audace, de la surprise et du caractère, voilà ce qu’attendent aujourd’hui les amateurs de montres contemporaines, comme un contre-point au goût nostalgique du vintage.

Avec une étonnante pendule méduse chez MB&F, en collaboration avec L’Epée. Son grand dôme transparent, en verre de Murano soufflé à la main, captive immédiatement. Il laisse apparaître deux anneaux tournants – un pour les heures et l’autre pour les minutes – qui indiquent l’heure en évoluant derrière un repère fixe commun.

Pendule méduse, MB&F

HORLOGE ATOMIQUE

Un peu plus loin, dans le Carré des Horlogers, cette section du salon genevois dédié aux maisons indépendantes, le visiteur découvrira la spectaculaire horloge atomique et la montre couplée de Urwerk, baptisée Atomic Master Clock, revisitant sous l’angle atomique le principe de la «Pendule sympathique» imaginée par Abraham-Louis Breguet. une horloge atomique de très très haute précision qui accueille dans son «berceau» une montre-bracelet intégralement mécanique développée à cette occasion qui sera remontée, mise à l’heure et réglée, selon un procédé de liaison complexe.

Pesant près de 25 kilos, l’horloge atomique d’Urwerk, spécialement conçue pour ce projet, contient un double oscillateur à ions YIG et rubidium faiblement radioactif. Sa précision ne devrait varier que d’une seconde au cours des 317 prochaines années. La montre elle-même a bien entendu été conçue spécifiquement pour ce projet AMC. Elle interagit avec son horloge-mère sur trois paramètres : le réglage de sa fréquence – tâche la plus complexe –, la synchronisation de la minute et de la seconde et le remontage de ses deux barillets. L’innovation extrême au poignet.

LE TITANE EN VEDETTE

Pour nombre d’amateurs, la modernité passe aussi par des matériaux contemporains aux propriétés techniques performantes, mais aussi au confort inattendu au porter, notamment en raison de leur légèreté. C’est notamment la promesse du titane, la matière reine de cette édition 2019 du SIHH.

Presque aucune collection n’échappe à des versions en titane, le matériau vedette cette année.

Mais pour les maisons les plus ambitieuses ou haut de gamme, le titane « classique » ne suffit pas. Les équipes techniques de chacune dévoilent cette année le fruit de leurs recherches pour des pièces spectaculaires. La nouvelle Roger Dubuis Excalibur Millésime, offrant rien de moins qu’une répétition minutes et un tourbillon volant, opte pour un boîtier très contemporain de 45 mm réalisé en CarTech Micro-Melt BioDur CCMTM. Cet alliage, utilisé dans l’automobile, l’aéronautique ou l’aérospatiale, permet une résistance à l’usure nettement supérieure à celle de l’acier.

Excalibur Millesime SIHH 2019, Roger Dubuis

DE « L’HARD GOLD »

Chez Panerai, le Carbotech, une matière particulièrement dure, obtenue à partir de fibres de carbone compressées, participe à la technicité de la Submersible MBG-Tech, au boîtier en verre métallique amorphe. La marque présente également un Eco-Titanium, c’est-à-dire un titane recyclé qui joue sur les deux tableaux : performances techniques et engagement vertueux.

Submersible Marina Militare en Carbotech.

IWC a développé son propre titane, avec une nouvelle technique de « céramisation », un procédé proche de l’infusion permettant d’obtenir le Ceratanium, tandis qu’Ulysse Nardin mise pour sa part sur le Carbonium, des fibres de carbone utilisées dans l’aéronautique. Même, certaines montres élégantes au dessin désormais classique, comme l’Arceau d’Hermès, n’y échappent pas. Le résultat est surprenant de modernité.

Les femmes ne sont pas oubliées, avec notamment la réalisation de l’Elégante par FP Journe dans une nouvelle déclinaison du titane, le Titalyt. D’autres matières, apparemment plus traditionnelles, sont également retravaillées de manière contemporaine, notamment l’or chez IWC qui devient « hard gold », un matériau précieux traditionnellement malléable se faisant résistant aux chocs et aux rayures. Quant à Piaget, l’Altiplano se pare d’un cadran en météorite recouverte d’or, associant les deux matières. Une nouvelle manière de donner de la matière au temps, décidément bien précieux.

Altiplano cadran en météorite recouverte d’or, Piaget

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