SuitSupply débarque !

Le confectionneur néerlandais vient de s’installer à Paris. Avec lui, de beaux costumes à prix doux fabriqués à l’autre bout de la planète, en Chine. À l’heure du slow et de la mode éco-responsable, que penser de ce concept si attractif ?

Depuis l’ouverture, le 3 mai, la boutique n’a pas désempli. Des hommes habitués à retrouver la marque lors de leurs voyages d’affaires, ou en ligne depuis leur canapé, sont ravis de pouvoir tâter les étoffes, essayer les costumes ou tout simplement déambuler dans ses 600 m2 à l’ambiance cool et colorée. Ici, l’esprit se veut non-conformiste, fun, expérimental même. À l’image de ses campagnes de pub décalées faisant poser tour à tour des femmes nues ou des couples gays. En moins polémique évidemment.
Son fondateur, Fokke de Jong, 45 ans, doit aimer le Monopoly. Il s’est offert la rue de la Paix pour installer sa première boutique française, sa 110ème au total. Il cherchait depuis 3 ans !

COMME ZARA ET H&M
Fondée en 1999, alors que Fokke n’était encore qu’étudiant, la marque est désormais présente dans 25 pays, tissant sa toile autant sur le net que dans les plus grandes villes du monde. Ce mastodonte néerlandais a connu une croissance de 25 % en 2018 ! Les raisons de ce succès ? « La qualité que nous apportons pour le prix que nous proposons est unique », assure le patron. On se rappelle d’un article du Wall Street Journal en 2011 dans lequel des experts avaient jugé (sur des pièces démarquées) qu’un costume Suitsupply à 614 € était d’une qualité supérieure à son homologue Armani à 3 625 €. Les tissus proviennent des grands tisseurs italiens de Biella. Les coupes sont parfaitement adaptées aux morphologies des clients. « Don’t just fit in, find your own perfect fit* », est le mantra de la marque. Au centre de la boutique, un atelier de couture offre des retouches express en 30 minutes ou une personnalisation plus poussée en 2 ou 3 jours. Un service sur-mesure est également disponible avec 3 à 4 semaines de délai. Tout le personnel de la boutique a été initié, 3 semaines durant, aux techniques du tailoring dans la Suitsupply Academy d’Amsterdam afin de pouvoir effectuer les prises de mesure et conseiller le client au mieux. Les prix ? Entre 300 et 700 € !

UN ÉTAT D’ESPRIT
En fait, la marque n’a pas d’intermédiaire. Elle s’adresse directement au consommateur grâce à un modèle d’intégration verticale, « comme Zara et H&M, mais en version plus haut de gamme, c’est ce qui est nouveau », précise Fokke de Jong. Suitsupply contrôle ses usines de production et distribue uniquement via ses boutiques. Mais ce qui permet réellement de proposer des prix ultra compétitifs, c’est la fabrication en Chine de tous ces beaux costumes, « chez des partenaires qui disposent d’un savoir-faire qu’on ne trouve pratiquement plus en Europe », d’après le fondateur. La marque ne s’en cache pas. Elle joue la transparence sur l’ensemble de sa production et les tarifs pratiqués. Suitsupply rafraîchit ses collections en boutique toutes les 6 semaines environ, un peu comme le font les marques de fast fashion.
Du beau pas très cher, un concept on ne peut plus alléchant. Mais à l’heure où l’on tente de mieux se comporter envers la planète, de se réinventer une garde-robe plus éco-responsable, de ralentir, faire fabriquer son costume à l’autre bout du monde a-t-il du sens ? On peut se poser la question. Le made in local (ou le « made in pas loin ») n’est-il pas un pilier du développement durable favorisant les emplois tout en limitant notre empreinte écologique ? Soutenir notre industrie et nos artisans n’ est-il pas le meilleur moyen d’être vertueux ? À chacun ses priorités. L’élégance est aussi un état d’esprit. Tout dépend du monde dans lequel nous souhaitons vivre demain.

* Ne vous contentez pas de trouver une coupe, trouvez votre coupe. 

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