LES SECONDS VINS : UNE QUESTION D’ÉTIQUETTE

Très appréciés des amateurs de bonnes affaires pour leur saine trinité qualité/prix/plaisir, les « seconds vins » se présentent comme la vitrine du savoir-faire des grands crus classés bordelais. En ce moment, les foires aux vins en regorgent : profitez-en pour faire carton plein !

Encore une spécificité bordelaise que ce concept de « seconds vins ». Loin d’être une stratégie marketing, ils sont bien ancrés dans la tradition depuis 1874, date de création de la fameuse Réserve de la Comtesse du château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande. En 1902, c’est au tour de Léoville Las Cases de donner naissance à son célèbre Clos du Marquis avant que Château Margaux ne leur emboîte le pas en 1908, avec la mise sur le marché d’un nectar de plus : Pavillon Rouge de Margaux.

L’idée étant de produire un vin sur le même terroir que celui du château mais à un prix plus accessible pour s’initier à la marque. Une sorte de mise en bouche du grand vin du domaine.

Trois fois moins chers

Malgré quelques précurseurs, il faudra pourtant attendre les années 80 pour que la majorité des crus classés comprenne qu’un second vin permet de recycler les lots qui ne peuvent apparaître dans le cru classé sans pour autant les sacrifier au négoce. En moyenne trois fois moins chers que leur illustre aîné, face aux prix stratosphériques des grands crus, ces derniers ont connu un succès grandissant tant leur qualité a progressé.

Qu’il s’agisse du travail à la vigne, de la vinification ou de l’élevage, le soin et l’exigence qui leur sont portés sont les mêmes. Réputation oblige ! Deux conceptions du second vin se sont ainsi développées.

  • L’approche traditionnelle, qui consiste à l’élaborer à base des cuves qui n’ont pas été retenues pour le grand vin. C’est le cas de la majorité des châteaux.
  • La deuxième, plus parcellaire, est le fait de dédier des vignes et des terroirs spécifiques à ce vin. C’est le cas des Forts de Latour du château Latour à Pauillac ou de la Croix de Beaucaillou signé Ducru-Beaucaillou en Saint-Julien.
Laurent Fortin, directeur général de Château de Dauzac, 5e Grand Cru Classé de Margaux en 1855, a élaboré Aurore de Dauzac, un second vin reprenant toute la richesse du terroir, avec la chef étoilée Stéphanie Le Quellec.

Des seconds vins promus

La Croix Ducru-Beaucaillou n’est plus considéré comme le second vin depuis 2005, mais comme un cru à part entière. Cette dernière approche conduisant à séparer totalement le second vin du premier, c’est ainsi que le Clos du Marquis, resté longtemps le second vin de Léoville Las Cases, ou le Moulin Riche, la seconde étiquette de Léoville Poyferré, ont été promus comme des crus à part entière. Les seconds vins de ces deux saint-julien étant désormais commercialisés sous une même étiquette : Pavillon de Léoville Poyferré.

Pour ceux qui n’ont pas de cave ou qui n’ont pas la patience de faire vieillir le vin, les seconds vins sont à boire plus rapidement que les premiers. Assemblés pour être consommés dans les 4 à 10 ans, si leur aptitude à la garde est moindre, on est sûr de pouvoir plus rapidement en profiter !

Attention, il ne faut pas toujours croire que l’on fait une bonne affaire en achetant un second vin à un prix moins élevé. Parfois les surcotes dues à la célébrité du nom sont telles que le prix en reste onéreux comme le prouve Carruades de Lafite 2017, le second vin de Lafite Rothschild, un pauillac dont le prix dépasse les 190 € ! Restez donc vigilant sur le millésime choisi car sur des vignes plus jeunes et des terroirs moins subtils, il est malgré tout plus risqué d’avoir de bons seconds ou troisièmes vins sur des millésimes faibles. Mais s’il ne faut retenir que l’essentiel, c’est être sûr que choisir le second vin d’un grand cru classé, c’est s’offrir l’assurance d’une cuvée réalisée dans des conditions optimales. Alors n’hésitez pas : ayez le sens de l’étiquette !


LA SÉLECTION DE MONSIEUR

PAVILLON DE LÉOVILLE POYFERRÉ 2015, CHÂTEAU LÉOVILLE POYFERRÉ, SAINT-JULIEN

Sur une couleur sombre, intense et pourpre, ce vin est marqué au nez par un fruité mûr et par beaucoup de subtilités. En bouche, il est moelleux et caressant sur le palais grâce à des tannins fins. Un saint-julien classique dans sa forme et dans son équilibre qui ne dépareillerait pas dans une dégustation de premiers vins et qui semble parti pour un bel avenir !
Prix : 45 €


AURORE DE DAUZAC 2013, CHÂTEAU DE DAUZAC, MARGAUX

Une robe à la teinte cerise lumineuse, un nez façon bouquet de fruits rouges légèrement épicés, riche en nuances subtiles de pivoine. Sur une attaque ronde et ample, ce vin gourmand se définit par une belle harmonie en bouche. Fidèle à son appellation, la finesse et la puissance se mêlent aux fruits et aux épices. Porté par un toucher de bouche soyeux de haute finition, Aurore de Dauzac illustre avec brio le style de la maison. Un vin complet, délicieux et parfaitement élaboré qui enchante et attire les compliments sur une table de l’entrée au dessert. Avec une étiquette qu’on adore par sa couleur jaune à l’esprit moderne et si peu bordelaise à la fois !
Prix : 29,95 €


LE MARQUIS DE CALON 2015, CHÂTEAU CALON SÉGUR, SAINT-ESTÈPHE

Sur ce beau millésime, le vin dévoile une couleur intense, pourpre violacée. Au nez, il révèle un bouquet au caractère fruité et épicé et des notes de caramel se confondant à des notes de fruits noirs ainsi qu’une touche florale de violette. Le vin a du gras et une belle fraîcheur qui porte le fruit jusqu’en fin de bouche. Un grand vin racé, équilibré qui demande quelques années de garde.
Prix : 30 €


CLOS LA GAFFELIÈRE 2016, CHÂTEAU LA GAFFELIÈRE, SAINT-ÉMILION

Issu d’un assemblage de 85 % de merlot et de 15 % de cabernet franc, ce vin reflète ses nobles origines, pour preuve, ses ancêtres vivent dans le même château depuis plus de quatre siècles ! Au nez, un fruité sur des notes de griotte et de violette, en bouche, une attaque souple sur des tanins fondus et une finale soulignée par des épices et des notes finement boisées. Un des bons plans des foires au vin !
Prix : 22 € env


ÉCHO DE LYNCH BAGES 2012, CHATEAU LYNCH BAGES, PAUILLAC

Voici un vin au beau fruit juteux soutenu par une matière dense sur des tanins très nobles, un classique qui introduit parfaitement le style de son illustre grand frère. En bouche, il est parfaitement équilibré et les tanins sont déjà ronds et enveloppés sur une saveur légèrement poivrée. Une pépite !
Prix : 29,95 €


BLASON d’ISSAN 2014, CHÂTEAU D’ISSAN, MARGAUX

Issu d’un assemblage de 47 % de cabernet sauvignon et 53 % de merlot, ce vin offre un nez discret, floral sur les fruits noirs type cerise et mûre. La bouche, à la fois harmonieuse et soyeuse, possède une structure aux contours très droits
sur une finale fraîche. Un classique du genre fidèle à son appellation !
Prix : 21,60 €


LE PETIT CAILLOU 2014, CHÂTEAU dUCRU BEAUCAILLOU, SAINT-JULIEN

Voici un vrai vin de plaisir à déguster sur le fruit dès sa prime jeunesse ou à conserver quelques années afin qu’il s’ouvre sur des arômes de cèdre et de havane. Une robe violet profond, un nez où dominent les fruits rouges avec une note florale de violette en bouche pour une harmonie ample et gourmande. Très séduisant, il se termine par une belle longueur et beaucoup de douceur. Sexy !
Prix : 24,50 €

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