Quand la patine de vos souliers révèle qui vous êtes

À chaque homme, sa manière de prendre soin de ses chaussures. Patines naturelles, couleurs, glaçage… Plusieurs écoles s’affrontent avec un seul mot d’ordre : la beauté.

||Et si c’était dans la patine de nos souliers

Et si c’était dans la patine de nos souliers que se refléter notre personnalité ?

LES SPORTIFS : DU NATUREL SINON RIEN

La chaussure est pour eux l’essence même du confort, et son aspect solide doit refléter l’activité : un nubuck ou une croûte de cuir patinée avec le temps, sans parler du veau gras qui reste mat, plus habitué à la boue et aux intempéries qu’au bitume. Mais la rusticité de certains modèles ne doit pas faire abstraction d’un brossage régulier et d’une bonne aération pour les maintenir en vie le plus longtemps possible.

Aucune patine cependant pour cette catégorie : le naturel leur sied bien mieux que tous les artifices ! De même, les souliers de chasse ou d’après-chasse pourront se contenter d’un simple cirage et d’un coup de brosse.

LES SOIGNEUX : UNE PATINE PAR ENDROIT

Pour ceux-là, élégants des villes pour la plupart, la vie est, comme le disait Chamfort, « un miroir dans lequel l’homme n’est jamais que le reflet de lui-même ». Très attentifs à leur mise, le soulier est donc pour eux la clé de voûte, le point culminant de leur tenue qui reprendra les harmonies colorées de l’ensemble. La goutte d’eau parcimonieuse à la pointe du chiffon enduit de cirage n’a pas de secrets pour ces amoureux de la patine où chaque appellation décrit une nuance particulière : London Tan, Ardillat ou encore Paris Brown sont autant de références précises issues d’un langage connu d’eux seuls.

Mais attention, si le soigneux prend le parti de glacer ses chaussures, il devra toutefois savoir quoi patiner… Ce sera essentiellement le bout rapporté, éventuellement certaines coutures ou des points de frottement, mais jamais le soulier tout entier ! Par ailleurs, un Richelieu, un Monk, un Derby, voire même un mocassin supporteront très bien le soin attentif du cirage à la goutte d’eau qui sublimera la profondeur et la qualité du cuir.

LES DANDYS : UNE AUDACE COLORÉE

Proches des Incroyables de la fin de l’Ancien Régime, ce sont les rois du glaçage. Sans parler de leurs modèles fétiches se démarquant de l’inventaire du soulier classique, ni même de leur goût pour les peausseries rares où les mélanges les plus improbables peuvent cohabiter, les teintes originales se combinent parfois sur une même paire, allant de la plus claire à la plus foncée (Berluti en propose pas moins qu’une centaine).

Elles « sculptent » ainsi le soulier en marquant les arêtes, tout en attirant l’œil par une audace colorée, imposant ainsi un nouveau langage élargissant le spectre de l’habillement masculin bien au delà des limites des conventions.

LES CONSERVATEURS : LA PATINE DU TEMPS

Le plaisir qu’ils tirent d’un soulier vient essentiellement de sa patine naturelle : les points de frottement d’une botte d’équitation, provoquant une décoloration uniquement à l’intérieur de la jambe et de la malléole (signes extérieurs de la parfaite maîtrise du dressage), le cordovan qui chante de lui-même au fil des ans, les brogues dont les années de brossage auront fait reluire reliefs et coutures, et les contrastes naturels dus aux passages répétés du chiffon à des endroits précis.

Pour ceux-ci, le soulier neuf n’est qu’une promesse de devenir et la teinte factice une redondance, la patience d’un cirage régulier à l’aide d’une brosse faisant parfaitement son office, et ce n’est qu’à partir de deux ou trois ans que la chaussure se met à révéler ses qualités, à l’instar des derbies du prince de Galles qu’il conserve depuis plus de vingt ans !

LES MONDAINS : LA PROFONDEUR DU NOIR

Pour eux, point de salut en dehors de souliers noirs. Leur fonction, leur niveau social parfois, les limitent à cette teinte avec laquelle il est préférable de jouer sur la profondeur du cuir.

Dans ce domaine, attention à l’excès qui peut se traduire par de la futilité ; la patine devra davantage se rapprocher de celle du soigneux ou du conservateur que du dandy.

Enfin, si l’on porte le smoking, il ne faut surtout pas se désespérer des craquelures disgracieuses du pli des souliers vernis : d’une manière sous-entendue, cela signifie uniquement que vous avez une vie mondaine bien chargée !

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